CELLULES MALPIGHIENNES
CARCINOME ÉPIDERMOÏDE
R. Marshall Austin, MD, PhD
Le carcinome épidermoïde (SCC) représente le néoplasme malin le plus fréquent du col de l’utérus. Le système Bethesda n’exige aucune sous-catégorie pour ces tumeurs, mais les cliniciens les classent souvent comme étant non kératinisantes ou kératinisantes.
Avant de présenter les caractéristiques spécifiques de chaque type, voici quelques observations générales. Les cellules kératinisantes et non kératinisantes du SCC sont plus grandes que celles du carcinome in situ et présentent des caractéristiques épidermoïdes plus définitives. Ce sont les caractéristiques cytoplasmiques qui permettent principalement au cytologiste de classer les lésions en types non kératinisants et kératinisants, tandis que la morphologie nucléaire sert à établir un diagnostic de malignité. Les frottis conventionnels présentent parfois des artefacts de séchage à l’air et d’étalement susceptibles de déformer ces cellules cancéreuses et d’empêcher l’établissement d’un diagnostic fiable. En outre, le sang en abondance précipite l’artefact de séchage à l’air et masque les cellules. La méthode ThinPrep fait apparaître ces changements pléomorphes sans autre déformation due aux artefacts. Elle lyse également une partie du sang pour éviter que les cellules soient masquées.
Les critères suivants permettent de détecter un carcinome épidermoïde sur des lames ThinPrep :
SCC non kératinisant | SCC kératinisant | SCC à petites cellules | |
Type de cellules | Cellules malpighiennes non kératinisantes | Cellules malpighiennes kératinisantes et quelques cellules non kératinisantes | Cellules malpighiennes indifférenciées |
Présentation tissulaire | En majorité syncytium, cellules isolées dispersées | En majorité cellules isolées avec quelques groupes | Cellules isolées, groupes et syncytium |
Présentation cytoplasmique | Vacuolisée, cyanophile | Dense, kératinisée | Délicate, peu abondante, basophile |
Membrane nucléaire | Irrégularités saillantes | Irrégularités | Membranes nucléaires lisses à légèrement irrégulières |
Chromatine | Grossière et répartie de façon non homogène, avec élimination distincte de la parachromatine | Pycnotique, hyperchromatique, pléomorphe | Grossière et généralement répartie de façon homogène, hyperchromatique |
Nucléoles | Macronucléoles proéminents | Macronucléoles occasionnels | Nucléoles +/- visibles |
Diathèse/nécrose tumorale | +/- | +/- | +/- |
SCC NON KÉRATINISANT
Il s’agit du plus fréquent cancer du col. Généralement moyennes à grandes, ces cellules se présentent pour la plupart en groupes ou en syncytium. Le cytoplasme du SCC non kératinisant présente généralement une coloration cyanophile et semble dense et légèrement vacuolisé. Cette vacuolisation du cytoplasme peut faire penser à une lésion glandulaire, mais les critères cellulaires doivent diriger le diagnostic vers une lésion malpighienne. Les groupes du SCC non kératinisant se présentent dans un amas « plus plat » avec bordures cytoplasmiques moins distinctes que l’adénocarcinome. Ils ne présentent en outre pas de véritables caractéristiques glandulaires (formation de rosettes/acini, bordures festonnées, différentiation ou élongation prismatique, encombrement nucléaire, etc.)
Les noyaux sont agrandis et présentent un rapport N/C plus proche de celui de la dysplasie modérée que du CIS. Les critères nucléaires malins classiques placent cette affection dans la catégorie des cancers plutôt que des lésions malpighiennes intra-épithéliales. La morphologie de la chromatine est relativement variable, dans la plupart des cas grossièrement granulaire et répartie de façon non homogène avec élimination évidente de la parachromatine. L’enveloppe nucléaire est extrêmement irrégulière. Les grands nucléoles à forme irrégulière sont courants. Ces caractéristiques permettent d’établir un diagnostic de malignité pour cette entité.
La diathèse tumorale constitue une caractéristique importante des cancers invasifs (dont 50 à 80 % d’entre eux présentent une diathèse sur les frottis conventionnels). La fréquence de la diathèse est similaire dans les échantillons recueillis par la méthode ThinPrep® , mais les diathèses/nécroses tumorales sont altérées sur les frottis conventionnels (en raison de l’étalement). Avec la méthode ThinPrep, la diathèse a tendance à s’agglutiner sur elle-même, présentant des débris « négligés » (sang, fibrine, brins de protéine, etc.), une nécrose tissulaire, des débris cellulaires et un aspect effiloché autour des bords. Le matériel adhère également aux groupes épithéliaux.
Sur les lames ThinPrep®, les entités semblables à la diathèse tumorale sont la cytolyse, l’infection et l’atrophie. Toutes ces affections présentent un fond à l’aspect sale ou « négligé » dont la cause doit être déterminée dans le contexte du matériel épithélial présent. Comme dans tous les cas, le cytologiste ne doit pas baser son diagnostic sur un seul critère. Ainsi, le seul critère de fond sale (même s’il s’agit véritablement d’une diathèse) ne peut permettre d’établir un diagnostic définitif. Ce dernier ne peut être établi que sur la base de critères morphologiques de malignité dans le noyau des cellules épithéliales.
Contrairement à son homologue non kératinisant, le SCC kératinisant présente des cellules malpighiennes pléomorphes extrêmement kératinisées. Ces cellules de taille et de forme très variables ont tendance à se trouver dans quelques petits groupes ou en syncytium.
Les cellules malpighiennes de forme bizarre (fuselées, tétard caudé, etc.) sont caractéristiques sur la lame ThinPrep®.
Les changements peuvent en toute confiance être identifiés comme étant véritablement imputables au pléomorphisme et non pas à des artefacts d’étalement. Les variations exagérées de taille et, plus importante, de forme des cellules permettent de distinguer le SCC kératinisant des lésions dysplasiques kératinisantes. On retrouve les mêmes différences de taille et de forme des noyaux. Les noyaux présentent une hyperchromasie proéminente (appelée « encre noire ») et peut parfois ressembler à un « fantôme » à cause de la kératinisation abondante. La kératinisation abondante s’accompagne également de billes kératinisées de cytoplasme s’étendant à partir du corps de la cellule. Ce critère imputable à l’aspect pléomorphe permet de faire la différence entre une parakératose atypique et une LSIL kératinisante.
SCC À PETITES CELLULES :
Le SCC à petites cellules est identifiable sur les frottis ThinPrep®. Ces lésions se composent de petites cellules épithéliales mal différenciées qui, à première vue, semblent relativement uniformes. Le rapport N/C très élevé constitue un critère important permettant de mettre en evidence le caractère anormal de ces cellules. Leur cytoplasme est peu abondant et d’aspect fragile. Elles peuvent même se présenter sous forme isolée et dans des groupes à « noyaux dépouillés ». Les groupements en syncytium peuvent imiter les groupes glandulaires mais n’ont pas la présentation ronde et tridimensionnelle classique de l’adénocarcinome.
Les noyaux sont petits et leur taille varie légèrement. La membrane nucléaire est relativement lisse. Enfin, la chromatine est grossièrement granulaire mais a tendance à être répartie de façon homogène et hyperchromatique. En raison de la technique de fixation rapide utilisée par la méthode ThinPrep, on peut observer les nucléoles.
ENTITÉS SEMBLABLES/DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS :
Le SCC kératinisant pose moins de problèmes de diagnostic que le SCC non kératinisant. Sur les frottis ThinPrep et conventionnels, la dysplasie kératinisante de haut grade peut ressembler à un cancer. L’interprétation doit donc être réalisée avec prudence. Dans la description des entités semblables, nous traiterons l’entité non kératinisante qui peut parfois s’avérer complexe à identifier et peut avoir plusieurs diagnostics différentiels.
SCC non kératinisant | Réparation | Adénocarcinome | |
Présentation | Groupes de syncytium avec profondeur de champ au centre du groupe et cellules plates autour du bord, groupes et quelques cellules isolées | Groupes plats | Groupes en 3D, cellules isolées |
Type de cellules | Cellules malpighiennes | Cellules endocervicales/métaplasiques | Cellules glandulaires |
Cytoplasme | Dense, parfois vacuolisé
Irrégulier, bordures cytoplasmiques anguleuses Plat autour des bords du groupe avec légère profondeur de champ au centre |
Fin, vacuolisé
Aspect de culture tissulaire Plat, extrait |
Vacuoles discrètes
Cellules à bordures distinctes proéminentes Rassemblé |
Noyau | Angles nets irréguliers | Membranes lisses et uniformes | Membranes ondulantes irrégulières |
Chromatine | Motte, répartition non homogène, élimination de la parachromatine | Uniforme, hypochromatique | Finement à grossièrement granulaire, répartition homogène, hypo à hyperchromatique (légèrement grise) |
Nucléoles | Macronucléoles occasionnels
Irréguliers, isolés ou multiples |
Proéminents et présents dans quasiment toutes les cellules
Petits, uniformes, parfois multiples |
Macronucléoles proéminents
Larges, ronds |
Dans certains cas, le type épithélial ne peut pas être spécifié en raison de la mauvaise différenciation d’une lésion, Cette situation se retrouve aussi bien sur les frottis conventionnels que sur les frottis ThinPrep®. Néanmoins, l’application des critères recommandés ci-dessus permet d’établir un meilleur diagnostic.
- Guidos, BJ et al: Use of the ThinPrep Pap Test in clinical practice. Diagnostic Cytopathology 1999;20:70-73 (Supplement to Ob.Gyn. News)
- Clark, S et al: Invasive Squamous Cell Carcinoma in ThinPrep Specimens: Diagnostic Clues in the Cellular Pattern. Acta Cytologica 2000; 44:861 (Poster Presentation)
- Inhorn, SL et al: Validation of the ThinPrep Papanicolaou Test for Cervical Cancer Diagnosis. J. of Lower Genital Tract 1998; 2:208-212
- Hutchinson, ML, et al: Evaluation of Conventional versus ThinPrep Cervical Smears in a Population-Based Study of 10,000 Women in Costa Rica. Acta Cytologica 1995; 39:969